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ANTIBES : La galerie des Bains douches au cœur du renouveau artistique

L’ancienne acropole antique sur la Méditerranée semble douée depuis toujours pour l’accueil des artistes. En 13 ans, la Galerie des Bains douches n’a pas failli à la tradition mais cherche aujourd’hui un nouveau rayonnement.

Antibes où la lumière réfléchie par les vieilles pierres semble plus radieuse que nulle part ailleurs a conquis, de Monet à Picasso via Nicolas de Staël, bien des peintres. La ville reste riche en lieux d’art, de mémoire qui racontent ces séjours inspirés comme le Musée Picasso récemment rénové ou la Fondation Hans Artung véritable disque dur du plus grand peintre de l’abstraction. A la veille d’inaugurer le Bastion Jaume Plensa, la municipalité a revu à la hausse les ambitions d’une galerie plus jeune dans la carrière mais dont la mission est d’importance puisqu’elle est chargée de relayer le talent d’artistes actuels.

Une programmation resserrée autour d’artistes professionnels

Christine Pélissier (Responsable de la Galerie des Bains douches) et Simone Torres (adjointe au Maire, déléguée à la culture de la ville d’Antibes) devant la Villa Fontaine- © jch dusanter

Etablie dans l’ancien bâtisse qui fut jadis un bâtiment militaire puis un établissement de Bains douches municipal, la galerie bien nommée participe activement à l’attrait de la ville depuis 1996. « Ce fut une idée de Jean Gismondi, homme d’art et fondateur du salon des antiquaires d’Antibes, alors qu’il était adjoint à la culture. A l’époque où nous avons donné une nouvelle vie à ce lieu, j’étais moi à ses côtés en tant que délégué aux musées », explique Simone Torres qui a repris il y a deux ans le poste d’adjoint à la culture. Il faut avouer que l’idée s’est avérée pertinente. Sise à deux pas de la porte des remparts, la galerie, qui déploie sous ses voûtes 136 m2, est baignée d’une clarté qui se prête merveilleusement aux accrochages. On ne compte plus le nombre d’artistes qui profitèrent de cette manne en 13 ans de monstration. « La nouvelle politique culturelle veut que cet espace stratégique sis entre le port et la vieille ville soit réservé désormais aux artistes professionnels qui vivent de leur art ». Le député-maire Jean Léonnetti a souhaité également qu’elle relaye les travaux de l’artisanat d’art. L’exposition consacrée en août à Jean-Paul Van Lith, le célèbre maître verrier et céramiste évoluant aux confins de ces deux disciplines en fut un bel exemple. Et puis la galerie n’abrite-t-elle pas dans une de ses salles un ancien atelier de gravure ? « L’atelier du safranier est ici depuis l’origine, c’est Dominique Prévost, enseignant en gravure et dessin, qui y organise des stages toute l’année », explique Christine Pélissier, responsable des lieux. « Nous ferons une entorse au règlement parce que même s’ils ne sont pas encore dans le circuit, leurs exercices méritent d’être montrés. Nous accueillerons ici en juin les élèves de l’école de céramique du lycée Leonard de Vinci », poursuit Simone Torres. Il est vrai que nous ne sommes pas loin du Musée Picasso qui, dans sa collection, possède un fonds unique de céramiques réalisées par le maître durant son séjour antibois. « Quant aux autres salles de 36 m2 chacune, elles permettent d’accueillir tous les mois 2 ou 3 artistes plasticiens sélectionnés par un comité composé d’élus de la majorité et de l’opposition, dont je fais partie », tient à préciser Simone Torres qui s’est investie dans sa mission au point de présenter à chaque vernissage les créateurs invités et leur démarche. « Depuis que nous faisons cet effort, la fréquentation a doublé. La médiation en matière d’art contemporain n’est pas un vain mot. »

Sur la Promenade des arts

En novembre c’est un duo, étonnamment, qui occupait l’espace. Stéphane Blanchard, avec ses toiles abstraites aux notes vives de couleurs, et le sculpteur chinois Ho lui, antibois depuis plus de 25 ans et qui ne manqua pas d’impressionner le public. « Ho lui est un personnage atypique qui réalisa le bas-relief de Lady Di, sur une pièce de monnaie au moment du mariage royal. Né à Shangai en 1955, il s’est lancé dans la sculpture pendant la révolution culturelle. C’est à cette époque qu’il édifia les têtes en béton du Grand Timonier dans le chantier où travaillait Zhang Thong Ren, qui n’est autre que l’ami d’Hergé, celui qui lui inspira le personnage de Tchang du Lotus Bleu », commente Simone Torres avant de poursuivre : « La programmation 2010 sera dans la même veine. Avec plus de 70 demandes en attente nous avons de quoi surprendre agréablement les antibois. Personnellement je souhaiterais exposer le travail de Jean-Jacques Ninon que j’apprécie beaucoup ». A l’orée de son 14ème anniversaire, la galerie serait-elle appelée à connaître un nouvel essor ? « Elle se situera bientôt sur le passage de la Promenade des arts que nous sommes en train de réhabiliter ». Ce nouveau parcours sur les remparts accueillera au printemps une installation monumentale de Jaume Plensa ainsi qu’un bastion à son nom destiné à abriter de grands événements. « La sculpture monumentale de 8 mètres de haut sera une œuvre semblable à celle composée de lettres en fonte d’aluminium que nous avions installée sur les remparts durant l’été 2007. Dans le même temps, le Musée Picasso consacrera une exposition dédiée à l’artiste espagnol autour de ses dessins ». Ainsi le souhait le plus cher que cultive l’adjointe à la culture serait d’agrandir la galerie des Bains douches en récupérant les bâtiments mitoyens. « Nous pourrions ainsi répondre à ces demandes qui ne cessent de croître ».

L’ancien "Bain douches" et ses salles voutées sont ouverts à la création contemporaine depuis 1996- photo © jch dusanter

Une excellente idée qui permettrait à la ville d’y exposer également les travaux réalisés par ses artistes en résidence. Car depuis une quinzaine d’année, la ville d’Antibes reçoit tous les trois mois à la villa Fontaine, sur la commune du Safranier, des créateurs venus du monde entier. « Après avoir accueilli cet été une américaine, Anne-Elisabeth Schalegel, c’est le berlinois Jean-Noël Schramm, (peinture sur huile et calligraphie) qui a investi cet automne la villa, qui fut donnée à la municipalité par une antiboise passionnée d’art. Depuis, cette résidence fonctionne avec les artistes venant des villes avec lesquelles nous sommes jumelés. « Nous en faisons la promotion jusqu’en Australie », conclut l’adjointe à la culture d’une ville qui malgré son lourd héritage artistique ne semble pas vouloir s’endormir sur ses lauriers.

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